La crise sanitaire a changé les habitudes de bien des travailleurs. Si 10 à 15 % des salariés travaillaient de la maison avant la pandémie, environ 40 % pratiquent maintenant le télétravail. Avec la reprise, certains travailleurs retourneront au bureau, mais les chercheurs s’attendent à ce que 20 à 25 % d’entre eux continuent à travailler à distance. Cette nouvelle réalité risque également de changer, dans les prochains mois, le visage de l’immobilier.
Les banlieues et les régions deviennent plus attrayantes
Avec la pandémie de COVID-19, un grand nombre d’acheteurs a voulu fuir la ville pour s’établir en banlieue ou en région. L’adoption massive du télétravail a certainement contribué à cette tendance.
En effet, avec le télétravail, les salariés n’ont plus à se soucier de la distance qui sépare leur résidence de leur employeur. Le fait de ne plus se déplacer tous les jours au travail leur permet également de réaliser d’importantes économies de temps et d’argent, un autre avantage indéniable du travail à domicile.
L’attrait des régions a d’ailleurs été observé dans les ventes de propriétés au Québec lors du second trimestre de 2020. Ce sont surtout ces dernières qui ont su tirer leur épingle du jeu, les quartiers populaires des grands centres ayant eu moins de facilité à trouver des acheteurs.
Alors que plusieurs régions éloignées avaient de la difficulté à garder leurs résidents dans les dernières années, elles pourraient prochainement se transformer en terre d’accueil pour les citadins, ce qui pourrait favoriser la naissance de nouveaux projets immobiliers aux quatre coins de la belle province.
Une pièce supplémentaire pour le bureau
Si le télétravail comporte plusieurs avantages, il exige de la rigueur, de l’autonomie et de la concentration. Certains parents, qui ont dû garder leurs enfants au printemps et en été à cause de la fermeture des écoles, l’ont appris.
Les nouveaux acheteurs recherchent désormais des propriétés offrant une pièce supplémentaire ou un espace pour y installer un bureau. L’idée de travailler sur la table de la cuisine ou en plein milieu du salon 35 ou 40 heures par semaine n’est plus une option pour bien des télétravailleurs. Cela risque de rendre encore plus populaires les maisons comptant trois chambres ou plus, des propriétés disponibles surtout dans… les banlieues et les régions!
De plus, la hausse du nombre de télétravailleurs devrait changer les habitudes des constructeurs d’habitations neuves. Les nouvelles propriétés avec des espaces de bureau devraient être plus fréquentes à moyen terme pour répondre à cette nouvelle demande.
Pourquoi pas un chalet dans le Nord?
La montée en flèche du télétravail a aussi un impact direct sur la vente de chalets… et sur leur prix! Les guerres d’enchères, un phénomène surtout présent dans les grands centres, ont été plus fréquentes au cours des derniers mois, ce qui a fait bondir le prix de plusieurs propriétés situées entre autres dans les Laurentides, en Estrie et dans Lanaudière.
Cet élan de popularité est cependant compréhensible. Habituellement moins cher que les maisons de banlieue de taille comparable, ce type d’habitation offre de la tranquillité, une grande cour et souvent un accès au lac. Pour les télétravailleurs qui cherchent à acquérir une première propriété ou à s’éloigner de la ville, il constitue un excellent choix.
Les chalets ont aussi attiré les adeptes de voyage qui n’ont pas pu sortir du pays dans les derniers mois. Ils représentent une solution de rechange intéressante pour passer les vacances estivales ou hivernales. Avec le télétravail, ils peuvent même y rester à l’année!
Les tours du centre-ville moins fréquentées
Avec la démocratisation du télétravail, les tours de bureau sont pratiquement vides : seulement 5 à 10 % de l’espace de travail est actuellement utilisé par les entreprises au Québec.
Si cette tendance se maintient dans les prochaines années, les experts s’attendent à ce que les locataires du centre-ville de Montréal réduisent la superficie de leurs bureaux d’au moins 5 %. Chaque jour, seulement une partie de leur personnel viendra travailler en personne à leurs locaux, comme c’est actuellement le cas.
La baisse de la demande pour les espaces de bureau changera évidemment le visage du centre-ville. Déjà, la valeur de plusieurs immeubles commerciaux a commencé à diminuer, et les experts craignent que le phénomène touche prochainement les tours de bureaux. Les locataires du centre-ville seront aussi plus prudents en signant des baux plus courts, souvent d’une durée d’un an, pour mieux faire face aux imprévus imposés par le coronavirus.
Un retour en force du coworking
Avant la pandémie, les espaces de coworking avaient le vent dans les voiles. Avec les nouvelles mesures d’éloignement physique, ceux-ci ont toutefois connu une baisse importante de leur clientèle.
Bien qu’ils puissent accueillir moins de travailleurs, les espaces de travail partagé n’ont pas dit leur dernier mot. Des télétravailleurs qui ont besoin de socialiser ou qui n’ont pas le moyen d’avoir un bureau à la maison, ou encore des entreprises voulant tenir à peu de frais des réunions d’équipe pourraient se tourner vers ce type de service dans les prochains mois.
Les propriétaires d’espace communautaire de travail devront néanmoins réaménager leurs locaux pour respecter les règles de la Santé publique.
Le télétravail changera le visage de l’immobilier
Force est d’admettre que le télétravail continuera d’être populaire dans les prochains mois, et même dans les prochaines années. Le marché de l’immobilier sera l’un des premiers secteurs de l’industrie à être affecté par cette nouvelle tendance. Comme on l’a vu, de plus en plus d’acheteurs voudront des propriétés plus grandes, mais aussi éloignées des grands centres. Reste maintenant à savoir comment les régions géreront ce nouvel exode urbain, dont on ignore encore les proportions.
À retenir
- Avec le télétravail, les propriétés situées en banlieue et en régions éloignées seront plus convoitées par les acheteurs.
- Les propriétés dotées d’espace de bureau seront de plus en plus populaires.
- Les tours du centre-ville continueront d’être moins fréquentées par les travailleurs.
- Les espaces de coworking ont connu une baisse de popularité dans les derniers mois, mais l’implantation massive du télétravail pourrait leur donner un second souffle.